Pays avec le moins de sans-abri : identification et statistiques

Le recensement officiel de la population sans-abri en Finlande affiche un taux proche de zéro, selon les statistiques nationales de 2023. Plusieurs pays nordiques revendiquent des chiffres extrêmement bas, tandis que d’autres États membres de l’OCDE présentent des écarts importants, parfois difficiles à comparer en raison de divergences méthodologiques.

La définition même du sans-abri varie d’une législation à l’autre, influençant les données publiées. Certains territoires incluent les personnes hébergées temporairement, d’autres non. Malgré ce flou statistique, quelques nations parviennent à stabiliser, voire à réduire, le nombre de personnes sans domicile fixe sur leur territoire.

Comprendre la réalité des personnes sans-abri à l’échelle mondiale

Derrière les chiffres, la population sans-abri révèle une mosaïque de trajectoires, visibles ou invisibles. Selon la FEANTSA, près d’un million de personnes passent chaque nuit sans domicile dans l’Union européenne et au Royaume-Uni. Ce chiffre englobe des réalités multiples : hommes, femmes, enfants, familles entières, jeunes sortis d’institutions ou de prison, personnes isolées. La notion d’exclusion liée au logement ne se limite pas à dormir dehors : l’INSEE prend en compte à la fois ceux qui n’ont nulle part où aller et ceux qui trouvent refuge dans l’urgence, tandis que la Fondation Abbé Pierre a forgé le terme mal-logement pour décrire les différentes formes de précarité résidentielle.

Les profils changent. Si la majorité des sans-abri sont des hommes seuls (80 %), les femmes représentent 37,5 % selon les données de 2012. À Paris, 700 enfants dorment chaque soir sur le trottoir. En 2019, 146 nourrissons sont venus au monde dans la rue. Un quart des personnes concernées a connu le placement ou la violence pendant l’enfance. Les causes s’enchevêtrent : perte d’emploi, rupture familiale, troubles psychiques, surendettement, sortie d’institution sans accompagnement. La précarité frappe aussi bien des travailleurs que des diplômés.

Les conséquences se mesurent jusque dans l’espérance de vie, abaissée à 49 ans d’après le Collectif Les morts de la rue. La pandémie de Covid-19 a accentué la vulnérabilité, faisant grimper le nombre de personnes privées d’hébergement. Les travaux de l’INSEE, de la Fondation Abbé Pierre, de l’OCDE, du CNLE ou de la FEANTSA sont autant de repères pour saisir la complexité du phénomène et ajuster les politiques publiques en matière de solidarité et d’accès au logement.

Quels sont les pays où le nombre de sans-abri est le plus faible, et pourquoi ?

Observer les chiffres à l’échelle internationale, c’est constater des écarts parfois vertigineux dans la part de la population touchée par le sans-abrisme. En France, l’Insee recense 30,7 personnes sans-abri pour 10 000 habitants. L’Espagne, quant à elle, se démarque nettement avec un taux de 5,4 pour 10 000 habitants. L’Italie (16,3), la Slovénie (16,8) et l’Autriche (21,7) suivent, tandis que le Portugal reste sous le seuil de 11.

Derrière ces chiffres bas, on repère une constante : la mise en place de politiques publiques structurées et suivies. En Espagne et au Portugal, deux pays longtemps confrontés à des difficultés économiques, l’accent a été mis sur l’accès aux services sociaux et sur le développement du logement abordable. Les dispositifs d’hébergement d’urgence, la coopération entre l’État et les collectivités locales, la prévention des expulsions locatives, tout cela contribue à limiter le nombre de personnes à la rue.

Voici quelques exemples concrets de politiques qui font la différence dans ces pays :

  • Espagne : le taux le plus faible d’Europe de l’Ouest (5,4 pour 10 000 habitants), résultat d’un engagement continu en faveur du logement social et des structures d’accueil.
  • Portugal : politique active de relogement, suivi social de proximité, meilleure coordination entre institutions publiques et associations.
  • Autriche, Slovénie, Italie : dispositifs de prévention stables, programmes de réinsertion, prise en compte de la santé mentale et accompagnement personnalisé.

Dans le nord de l’Europe, la stratégie du logement d’abord s’est imposée comme une référence, notamment en Finlande, au Danemark et en Autriche. Le principe ? Proposer d’abord un logement individuel, puis un accompagnement adapté. Cette inversion de logique par rapport à l’hébergement d’urgence a fait ses preuves : mettre un toit sûr sur la tête des personnes, c’est leur redonner des perspectives, éviter l’enracinement dans la précarité, et faciliter un vrai retour à l’autonomie.

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Inspirations et pistes d’action : que retenir pour agir contre l’exclusion ?

Pour répondre à la précarité du logement, les exemples européens apportent des pistes à explorer. La stratégie du logement d’abord offre une approche claire : garantir un logement stable, sans condition préalable, avant de travailler sur l’insertion. La Finlande, le Danemark ou l’Autriche montrent que cette méthode réduit le phénomène de façon durable. Le logement redevient ici un droit fondamental, pas une récompense différée.

Au niveau européen, la mobilisation s’intensifie. La Plateforme européenne de lutte contre le sans-abrisme, portée par la Commission européenne et le Conseil de l’Europe, vise l’éradication du phénomène d’ici 2030. Yves Leterme, président de la plateforme, insiste sur l’urgence d’une coordination renforcée entre initiatives nationales et locales.

Pour s’attaquer à la racine du problème, plusieurs leviers peuvent être actionnés :

  • Renforcer les services sociaux de proximité pour repérer rapidement les situations fragiles.
  • Étendre le parc de logements sociaux et prévenir les expulsions locatives.
  • Favoriser la collaboration entre institutions, associations et collectivités.

L’étude attentive des statistiques éclaire la diversité des personnes concernées : 80 % d’hommes seuls, 25 % ayant connu le placement, 90 % ayant déjà occupé un travail. Miser sur la prévention, proposer un accompagnement sur mesure, voilà des stratégies qui freinent la spirale de l’exclusion. Portée par la solidarité, l’innovation sociale et la volonté collective, une société peut refuser que la rue soit une fatalité. Le cap est posé : maintenant, il s’agit de tenir le cap.